Fanélie Carrey-Conte est signataire de l’appel des 75 députés socialistes réclamant au président de la République de respecter sa promesse. Avec le droit de vote des étrangers, elle souhaiterait renforcer la participation électorale. La parlementaire parisienne rappelle qu’en Ile-de-France, seulement 20% de la population a participé aux municipales.
L’engagement pour le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales doit nécessairement être concrétisé : c’est pour moi indispensable et non négociable.
On connait les principaux arguments et les enjeux :
– Un suffrage universel qui n’a pas été figé dans l’histoire de notre pays mais a au contraire connu de nombreuses évolutions (droit de vote des femmes, ouverture aux citoyens des pays membres de l’UE pour les élections locales…), et pour lequel une nouvelle étape s’avère aujourd’hui nécessaire.
– Le fait que vivent et travaillent en France plus de deux millions d’étrangers extracommunautaires, qui sont dans leurs communes partie prenante de la vie locale, qui paient des impôts… Quelles raisons opposer à ces personnes résidant sur ces territoires pour justifier qu’elles ne participent pas à cette vie locale lors de l’élection de leurs représentants?
– Une mesure qui, contrairement aux discours qui peuvent être tenus à la droite de l’échiquier politique, ne vise pas à favoriser le communautarisme, mais au contraire à le combattre, car ce sont bien les inégalités de traitement entre personnesqui peuvent être moteurs d’une organisation communautarisée de la société.
– Un engagement corrélé à une vision de la citoyenneté pas systématiquement liée à la nationalité, vision importante pour plusieurs raisons. D’une part, car de nombreux individus concernés sont euxmêmes parents de citoyens français. Or, la non-participation des parents aux élections influence forcément en partie la décision des plus jeunes de s’inscrire sur les listes électorales et d’aller voter ou non, alors qu’ils ont, eux, le droit de le faire. D’autre part, car la représentativité des communes et des départements qui connaissent une importante population étrangère, est faussée par cette limitation du suffrage universel. A titre d’exemple, en Ile-de- France, si on prend en compte l’abstention, seulement 20 % de la population a participé aux municipales.
– Les arguments en faveur de cequi était un engament fort de la campagne de notre Président de la République sont donc à mon sens sans appel. Aujourd’hui, Je ne méconnais pas les difficultés de mise en oeuvre liées à un rapport de force défavorable au Parlement pour une révision constitutionnelle, et à une issue non assurée si la voie référendaire était choisie. Toutefois, à l’heure où de nombreux pays, européens ou non, nous montrent déjà l’exemple, nous avons un devoir d’action.
Combien de fois nous a-t-on dit : « cette promesse, c’est le serpent de mer de la gauche, elle n’est jamais mise en œuvre ». Nous avons alors répondu : « cette foisci, ce sera la bonne ». Je ne pourrai pas assumer de n’avoir pas été au bout de la démarche, et suis donc favorable à mener la bataille dès aujourd’hui, à construire les conditions d’un rapport de force qui nous conduira à ce qu’une majorité de nos concitoyens soutienne ce projet.
Fanélie Carrey-Conte