En dépit de la montée du populisme en Europe, les citoyens européens soutiennent majoritairement une meilleure intégration des résidents étrangers et rejettent la préférence nationale en matière d’emploi, selon un sondage réalisé dans 6 pays européens.
Malgré la montée des partis populistes en Europe, une majorité d’Européens est en faveur d’une meilleure intégration et d’une égalité des droits du travail des résidents non-européens, qui représentent 6% de la population, soit 30 millions de personnes.
Selon un sondage réalisé en 2015 puis en 2016 par Harris Interactive pour le compte de la Maison des potes, une majorité de Français, d’Espagnols et de Britanniques, d’Allemands et d’Italiens sont en faveur de l’égalité du salaire et de la retraite des ressortissants non-européens, à leur accès à la fonction publique, ou encore à l’autorisation de recours collectifs à la justice dans les cas de discrimination.
Dans l’ensemble, les propositions visant à renforcer les droits des ressortissants non-européen sont acceptée par la majorité de la population, sauf une : l’autorisation pour les résident non-européens de voter aux élections municipales et européennes, comme c’est le cas pour les étrangers originaires des pays de l’Union européenne.
Si cette mesure obtient plus de 50% de voix favorables en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et en Allemagne, elle n’a été acceptée que par 47 (2015) et 48% (2016) de la population française.
Vote des étrangers
L’octroi du droit de vote aux élections locales aux étrangers était pourtant une promesse de campagne de François Hollande, qui a fait marche arrière depuis. Les observateurs estiment que la mesure n’aurait aujourd’hui aucune chance de passer.
Les deux mesures qui remportent le plus franc succès, tous pays confondus, sont la garantie d’une rémunération e et d’une retraite égale pour toutes les personnes travaillant dans votre pays, quelle que soit leur nationalité.
Le renforcement des sanctions juridiques en Europe contre les employeurs coupables de discriminations liées à l’origine, la nationalité, la couleur de peau ou la religion, a également été choisi par 82 % des Français interrogés, 77 % des Allemands, et 87 % des Italiens.
« Ce sondage apporte un soutien important à nos idées, pour dire que non, la guerre culturelle n’est pas gagnée par l’extrême droite sur ces sujets », s’est félicité Samuel Thomas, délégué général de La Maison des potes, fédération d’associations de lutte antiraciste.
« Le fait que l’égalité salariale soit soutenue par plus de 80% des gens va totalement contre l’idée de la préférence nationale en France, mais aussi en Allemagne et en Italie, pays qui ont accueilli de nombreux migrants. » poursuit-il.
L’étude se penche aussi sur les catégories de personnes les plus favorables aux mesures proposées. Sans surprise, on y retrouve toujours les sympathisants de gauche, ainsi que, souvent, les personnes qui ne se déclarent partisanes d’aucun parti. Les citoyens qui ont au moins un parent né à l’étranger sont également enclins à plus de tolérance.
Thèmes européens
La question de l’égalité entre citoyens européens et résidents étrangers avait déjà fait l’objet de l’attention des organisations antiracisme de l’UE dans la foulée des élections européennes en 2014. 21 d’entre elles avaient alors lancé l’appel « Unis pour l’égalité », dans lequel elles proposaient au Parlement européen une série de mesures, comme la régularisation de tous les travailleurs sans papiers ou l’égalité des droits du travail pour les résidents étrangers.
Du 26 au 30 octobre, l’association « unis pour l’égalité » organise pour la deuxième fois la conférence des universités européennes contre le racisme et les discriminations, afin de se pencher de nouveau sur les thématiques de l’appel. Cette année, radicalisation et vision européenne auront une place centrale dans le débat.
Outre les questions de l’asile, de l’emploi et de la justice pour les étrangers, un débat sera consacré aux possibilités politiques de l’UE face aux replis nationalistes. Une question importante à l’heure du Brexit et des appels à des référendums sur l’UE dans d’autres pays, notamment la France.
Pour Jean Lambert, eurodéputée britannique des Verts, cela commence par la finalisation de la loi anti-discrimination, en discussion depuis des années, et par la lutte contre les préjugés et rhétoriques nationalistes au niveau national.
« Ce que nous observons dans le Royaume-Uni post-référendum est très inquiétant et les gens se sentent de plus en plus mal à l’aise dans mon pays », explique-t-elle. « La campagne du référendum s’est nourrie d’une propagande anti-migrants et a débouché sur de profondes divisions. »
C’est en garantissant l’égalité, une vie décente et de bonnes conditions de travail pour tous, que les politiques peuvent contrer le nationalisme, estime-t-elle. « Pourtant, au lieu de cela, les politiques d’austérité ont été utilisées pour baisser les normes et diviser les sociétés. »
« Je pense aussi que l’UE doit arrêter de voir la migration comme un problème à régler et reconnaître cela comme une réalité à laquelle nous devons faire face », conclut-elle.